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mardi 19 mai 2015

Blaq Poet - Rewind << Deja Screw (2006) (Queens, NY.)

Blaq Poet c'est Wilbur Bass, un type sorti tout droit du Queensbridge (dans le Queens donc, au bord de Manhattan) d'où viennent entre autres Nas, Mobb Deep, Marley Marl, Tragedy Khadafi et Redman, pour ne citer que les plus connus. Un vaste lieu au sein de la Grosse Pomme où ces rappeurs ont grandi mais surtout où ils y ont fait leurs armes. Et question de faire ses premiers pas, Blaq Poet les as faits très tôt. Ses débuts remontent dans la seconde partie des années 80 - il portait alors le pseudo Poet - où il enregistra un single bien sympa ("All Hell Breakin' Loose") mélangeant hip-hop et freestyle. Quelques années après (1991) il s'associa avec un gentil garçon - Hot Day - avec lequel il grava un album - Without Warning - sous le nom de PHD (initiales de Poet et Hot Day), pour enfin terminer sa course avec Screwball (connus en particulier pour "F.A.Y.B.A.N." ; un morceau qui sera produit par DJ Premier himself). Courant 2005/06 c'est l'heure de son 1er album solo ; soit près de 20 ans après le début de sa carrière. Assez rare pour être signalé.

Donc Rewind << Deja Screw. 18 pistes. Pas de skit ni interlude. 64 minutes ininterrompues où le rappeur nous délivre (avec le concours de quelques feats bien sentis) une prestation sinon de très haut vol, du moins plaisante voire trippante ("Watch Your Back", "My Nigga", "Rhyme Crime Boss" et "Hard to Believe" qui sortent du lot). La galette est dans son ensemble très régulière, ne laissant quasiment aucune place à l'approximation en terme de qualité. Les morceaux sont tous bien ficelés et, hormis les quatre cités plus haut - aucun ne se départit vraiment. En revanche, ce qui saute aux oreilles (du moins les miennes), c'est non pas la, mais les productions. 6 différents gonzes aux manettes pour se répartir les 18 pistes, dont près de la moitié reviennent à Généraldo de 45 Scientific (équipe frenchie, cela dit au passage) balançant un son que je découvre et qui tabasse sévère (je pense notamment à "Hard to Believe" ; lequel m'a quand même bien scotché). Le reste des producteurs c'est du bien lourd, du très lourd. DJ Premier sur 4 morceaux ("Watch Your Back" me vient en tête car addictif), Blaq Poet avec lui aussi 4 titres ("My Nigga" et "Rhyme Crime Boss" particulièrement), Easy Mo Bee sur "You Fucked Up" et le fameux Alchemist avec le lancinant "Bloody Mess" où il est justement question du Queensbridge. Les réputations sont donc à la hauteur. Pas de remplissage dans ce long courrier. Pourtant au départ j'étais un peu dubitatif du fait des 18 pistes sans aucune coupure en son sein. Nope, que dalle. Et, étonnement, tout est passé comme une lettre à la poste malgré deux chansons un peu en-dessous ("Psycho", "The Cash, Part. 2"). Mais elles se trouvent à la fin. Le meilleur avait déjà fait son effet sur mes esgourdes.
Alors voilà, dix ans après sa sortie, ce Rewind << Deja Screw est une très bonne surprise dans le monde du hip-hop des années 2000. La "faute" à qui ? à un Blaq Poet qui dispense d'un flow et d'une rime à la fois fine et suffisamment hardcore pour que l'opus remporte mes suffrages, ce à quoi il faut ajouter la fine brochette de producteurs qui ont brillé derrière la console. Un usage tout-à-propos de celle-ci ayant permis la création d'univers multiples à travers les 18 titres.
Au final j'ai envie de dire que Blaq Poet est un putain de emcee, d'autant plus terrible qu'il n'est pas connu lorsqu'il s'agit de nommer les meilleurs rappeurs new new-yorkais. Et pourtant il nous donne une sacrée mandale sans jamais faillir ou décevoir.
Hip-hop heads, allez l'écouter, vous ne serez ravis.

Recommandé : ++

1 Bang This 3:09
2 Ghetto S**t 3:40
3 Message From Poet 2:51
4 Bomb S**t 4:36
5 Bloody Mess 4:01
6 Watch Your Back 3:35
7 The Cash 3:18
8 My Ni**a 3:39
9 What Ya'll Gonna Do? 3:40
10 Poet Has Come 4:06
11 You F**ked Up 3:36
12 After All This Time 3:28
13 Rhyme Crime Boss 4:06
14 Hard to Believe 3:27
15 Psycho 3:03
16 Still Flippin' 3:23
17 The Cash Pt. 2 3:02
18 Mind of a Criminal 3:52

Label: Traffic / TEG-2426


lundi 18 mai 2015

Da King & I - Contemporary Jeep Music (1993) (Brooklyn, NY.)


Da King & I ? me demanderont certains. A ceux-là je répondrai qu'il s'agit d'un duo composé de MC Izzy Ice et de DJ Majesty. Les compères nous viennent tout droit de Brooklyn. Cinq ans auparavant, ils avaient enregistré un single ("Soulman / Funky Freestyle", Scottfree Records SF1001) sous le nom de Izzy Ice and DJ Majesty.
Donc Da King & I. Un groupe dont je n'avais pas entendu parler jusqu'à ce lundi de Pâques 2014. Sorti en 1993 alors que le flot hip-hop était à son apogée, 'Contemporary Jeep Music' est passé quasiment inaperçu, d'autant plus sur le petit label géorgien Rowdy Records. Un très bon disque mélangeant habilement un hip-hop boombapien et de nombreuses sonorités jazzy. Le duet new-yorkais délivre là une bonne perf, malheureusement laissée sans suite.
Recommandé : ++
A noter un remix du morceau "Flip da Scrip" par DJ Premier sur le single du même nom.

Highlights: Krak da Weazel, Tears, Mr. All That, Represent, et Crack da Weasel (Dat Other S***)

1 Contemporary Jeep Music
2 Let's Take a Trip
3 Flip da Scrip
4 Interlude 1 / MC Asshole
5 Krak da Weazel
6 Interlude 2 / Amusement Park
7 Brain 2 U
8 Tears
9 Soul Shack Interlude
10 Ghetto Instinct
11 Mr. All That
12 Interlude 3 / Jazz Skit
13 This Is How We Do
14 Interlude 4 / Izzy Sings da Blues
15 Lost My Mind
16 Represent
17 Crack da Weasel (Dat Other S***)
18 What's Up Doc

Label: Rowdy / 75444-37001-2


dimanche 17 mai 2015

Big L - Lifestylez ov da Poor & Dangerous (1995) (Manhattan, NY.)

Lamont Coleman, aka Big L, signe là son 1er album, qui sera également son dernier de son vivant puisque son 2è opus The Big Picture est sorti en juillet 2000, soit 1 an et demi après sa mort.
Lifestylez ov da Poor & Dangerous sort donc au printemps 95 sur le gros label Columbia (seul Nas si ma mémoire est bonne, avait été endorsé par ce label pour son 1er album 'Illmatic' en 1994).
Rare pour être signalé dans le monde du hip-hop que d'être signé par une major pour un premier jet. Ainsi, le niveau de l'album est à la hauteur de la taille-patron de la maison de disque ; à savoir une montagne.
12 morceaux et un peu moins de 50 minutes plus tard, vous voici face à un espèce de croisement entre pièce-maîtresse du rap et mysticisme à travers la disparition du monsieur. A l'instar de Notorious BIG, ou encore 2Pac (à peine 25 ans), Big L est rentré dans la triste cour des rappeurs n'ayant pas franchi cette fameuse barre, mais aura laissé une empreinte indélébile dans le monde du hip-hop par le biais de cet unique opus (sans compter son apport avec le supergroupe D.I.T.C.)
Au final c'est un full-length à la fois sombre et boosté par le débit de Big L, peu ou pas de temps-morts pendant les 50 minutes, et pas de morceaux faibles. La sève de la rime coule pleinement le long des lèvres du chanteur, nous distribuant par-là même des salves ininterrompues avec un flow boom-bapien propre à la scène east-coast.
Certes le contenu de la galette n'est pas à la fête, mais quand c'est fait avec talent et élégance, ça en devient de l'art.
Essentiel.

1 Put It On 3:38
2 MVP 3:39
3 No Endz, No Skinz 3:29
4 8 Iz Enuff 4:58
5 All Black 4:21
6 Danger Zone 3:37
7 Street Struck 4:09
8 Da Graveyard 5:23
9 Lifestylez ov da Poor & Dangerous 3:21
10 I Don't Understand It 4:20
11 Fed Up With the Bullshit 3:52
12 Let 'Em Have It "L" 3:57

Label: Columbia / CK 53795

mercredi 13 mai 2015

All City - Metropolis Gold (1998) (Brooklyn, NY.)

Citer Plutarque dans une review de hip-hop, c'est tellement improbable que j'en souris. Barba non facit philosophum, "la barbe ne fait pas le philosophe". Voilà comment pourrait se caractériser cet opus. Voilà en quoi je pourrais définir le nombre misérable de notes qui entourent cet album absolument inconnu (pourtant sur une major).
All City c'est un short-lived combo de Brooklyn qui a enregistré un unique album et sorti quelques singles l'environnant. Et pi basta. Pourtant y a du beau linge dans cette galette. Visez un peu. DJ Premier à la prod sur "The Actual", Pete Rock sur "Priceless", Onyx en featuring sur "Xtreme", Rockwilder à la prod ("Stay Awake", "Get Paid" et "Move on You") ainsi que DJ Clark Kent avec "The Hot Joint". En somme pas des puceaux de studio. Donc étonnant que ce groupe n'ait pas rameuté plus d'infos sur la toile. Parce que laissez-moi vous dire qu'on a ici affaire à quelque chose qui vaut son pesant de M&M's. Oui, je le clame haut et fort et l'assume pleinement; cet album est excellent.
Un seul essai mais quelle transformation ! Plus d'une heure sans faux pas, des beats accentués par endroits de touches jazzy du plus bel effet, des passages encore plus smoothie ("Live It Up") avec les Native Soul et "Daydreaming" où le r&b fait son petit effet. Le reste du gâteau nous propose du hip-hop boombapien de la Côte Est (pléonasme en quelque sorte) mais sans forcer sur les doses hardcore. Et c'est là que ça me plait. Les All City ne sont pas des bourrins, ils arrondissent les angles et me font penser à un mix entre les Digable Planets, les Beatnuts et la douceur lénifiante de A Tribe Called Quest comme sur les morceaux "Just Live" et "Favorite Things" (rien à voir avec John Coltrane).

Trêve de bavardage. Allez écouter cette galette, c'est un ordre. 

1 Who Dat (Skit)
2 Stay Awake
3 Priceless
4 Metrotheme
5 Xtreme
6 The Hot Joint (Remix)
7 The Actual
8 NY Live It Up
9 Afta Hourz
10 Ded Right
11 Get Paid
12 Timez Is Hard
13 Daydreaming
14 Favorite Things
15 The Hot Joint
16 Move on You (Remix)
17 Just Live

Label: MCA / MCASD 11829


mardi 12 mai 2015

Canibus - Rip the Jacker (2003)

(Don't Fear) The...Ripper !

 Rip the Jacker (un des autres surnoms de Canibus) est une contrepèterie de Jack the Ripper, le fameux tueur en série connu en France sous le nom de Jack l’Éventreur. 

Si on m'avait dit hier que j'allais écouter un album first class avec des morceaux exceptionnels de série qui soient hors des sentiers battus et balisés des charts du hip-hop, je ne l'aurais primo pas cru, et deuzio je pense même que j'aurais misé un de mes testicules sur le marché du prêt sur gage. Donc je me suis évité d'être équipé d'une seule valseuse à l'heure où je vous parle. Perso ça m'arrange.
Comment pouvais-je m'imaginer un seul instant que dans les "classiques" du hip-hop allait s'immiscer un album inconnu du grand public ? oserais-je dire inconnu tout court.
Car Germaine Williams aka Canibus envoie un album bousculant les codes, les classements et les styles. C'est d'autant plus gratifiant qu'il le fait seul. Très rares sont les albums de rap où il n'y ait pas de featurings, pas de collaborations, enfin bref quelqu'un qui vienne apporter son concours. Ici le type se la fait en solo (en plus de l'écriture des textes) et c'est là que je lui tire mon chapeau car tenir sur la longueur d'un album en maintenant une telle qualité dans les lyrics, les beats, le flow, la manière dont c'est amené ainsi que l’enchaînement des morceaux. Et comme le souligne Kilian Murphy dans Stylus Magazine, « Canibus is characterized for his "deep vocabulary, scientific concepts, battle rhymes and descriptive imagery" throughout the album.
» Voilà un résumé qui colle parfaitement à l'atmosphère qui règne dans cet opus ; un vocabulaire riche, des métaphores, de l'abstraction mêlée à la réalité avec une grande variété d'ambiances dans chaque morceau. C'est ce qui en fait un album particulier, style qu'on retrouve dans les productions d'abstract hip-hop, voire dans l'experimental

En fait, cette pièce de 45 minutes ne souffre d'aucune faille ; c'est le vol long courrier dont on rêve en secret, niché dans un coin, dans l'ombre, en cherchant une once de clarté. Ce petit faisceau lumineux qui nous donne(rait) tant de joie, de plaisir. L'âge d'or du rap se trouve dans les nineties mais le début du nouveau siècle a connu son lot de bonnes trouvailles, voire de masterpieces. Cet album en est un sans aucun espèce de doute. Je pense qu'il me faudrait plusieurs pages pour en faire la dithyrambe complète. Il regorge de détails, de samples empruntés au rap mais pas seulement (un sample pris à Portishead et son morceau "Wandering Star" ici avec "Psych Evaluation" et même à du fado avec les touches de guitares empruntées à "A Sombra (Fado Nocturno)" d'António Chainho). Ces deux exemples sont typiques de l’atmosphère parfois éthérée (le Cloud Rap qui viendra plus tard) qu'on retrouve disséminée ça-et-là, des accents orientalisants ("Levitibus") se laissent même s’entrapercevoir.
La mine d'or se trouve à tous les coins des 45 minutes, rien n'est laissé au hasard. La production signée Stoupe the Enemy of the Mankind (membre de Jedi Mind Tricks) l'est pour beaucoup. Le bonhomme a quand même été classé selon plusieurs sources, dans les 50 meilleurs producteurs de hip-hop. C'est pas rien quand on connaît la concurrence. Certes c'est pas DJ Premier non plus Pete Rock mais ça vaut son pesant sur le marché de la cacahuète, surtout pour une prod relativement underground sur un label qui l'est tout autant.

J'annonce : cet album est une sacrée mandale dans la gueule.
Je vais de ce pas commander l'album.
5 stars cash et je paye en petites coupures.

1 Intro 0:32
2 Genabis 4:12
3 Levitibus 4:00
4 M-Sea-Cresy 3:50
5 No Return 4:53
6 Spartibus 4:00
7 Indisible 3:59
8 Showtime at the Gallow 4:41
9 Psych Evaluation 3:51
10 Cemantics 3:40
11 Poet Laureate II 7:18

Label: Babygrande / BBG-CD-005

V.A. - Harlem World : The Sound of the Big Apple Rappin' (2001) [Compilation]

Les compilations de hip-hop ne manquent pas, qu'elles retracent une époque, un pays, un groupe-phare encore d'illustres inconnus. Ici c'est la première et dernière catégorie dont il est question, plus celle d'une ville ; à savoir New York, et plus particulièrement le borough de Harlem. Le titre de la compil parle de lui-même. Sorti sur un tout petit label (Heroes & Villains), ce double-CD offre bon nombre de satisfactions pour celle ou celui voudrait commencer sa culture des origines du rap au pays des B-Boys. 17 morceaux couvre les premières années (1979-81). Mais attention, tout est rareté. Point de titres connus, excepté le premier de Afrika Bambaataa. Le reste c'est du old school imprimé sur des labels indépendants, et certains singles vont jusqu'à 1500$ en pressage original ! Bref, du bon vieux son (si on enlève le très inutile et mauvais "Rappin' Ain't No Thing" des Boogie Boys) qui mélange ou alterne disco-rap, boogie et des touches de funk. Deux heures de musique vous attendent dans ces 2 CDs (66 et 55 minutes). Une compilation aussi importante dans l'histoire du hip-hop que la rareté des morceaux présents.

1.1 Afrika Bambaataa Zulu Nation Cosmic Force - Zulu Nation Throwdown 7:11
1.2 Harlem World Crew - Rappers Convention 6:24
1.3 Little Starsky - Dancin' Party People 7:57
1.4 Mr. Magic & Positive Choice Band - 2001 Kazoo's 7:15
1.5 Grand Wizard Theodore & The Fantastic Romantic 5 - Can I Get a Soul Clap "Fresh Out the Pack" 7:31
1.6 Boogie Boys feat. Kool Ski, Kid Delight, Disco Dave With DJ Darryl C - Rappin' Ain't No Thing 6:05
1.7 Family Four - Rap Attack 10:28
1.8 Spyder-D - Big Apple Rappin' (National Rappin' Anthem) 10:09
1.9 Kurtis Blow - Do the Do 3:03

2.1 Harlem World Crew - Love Rap 6:04
2.2 T.J. Swan - And You Know That 7:31
2.3 The Marvelous Three & Younger Generation - Rappin' All Over 8:52
2.4 Busy Bee - School Days 3:53
2.5 Dr. Jeckyll & Mr. Hyde - Doing the Do 7:16
2.6 Bambaataa Zulu Nation Soul Sonic Force - Zulu Nation Throwdown (Part 2) 6:11
2.7 Disco Dave and the Force of the Five MC's - High Power Rap 7:36
2.8 Rappermatical 5 - Party People 6:52

Label: Heroes & Villains / HEROCD01 

 

lundi 11 mai 2015

Chef Raekwon - Only Built 4 Cuban Linx... (1995) (Brooklyn, NY.)

Préambule
Avec le Liquid Swords de GZA sorti quelques mois plus tard, ce Only Built 4 Cuban Linx... est ce qui est arrivé de mieux post-36 Chambers. Explications.

Bon pour commencer, Raekwon est sans doute le membre du Wu-Tang Clan que je préfère. Style inimitable, débit et voix eux aussi détectables de suite. Il incarne le top rappeur par excellence. A la fois exubérant dans ses attitudes, il sait également mettre de l'eau dans son vin, en témoigne cet album. Dans le monde du hip-hop c'est typiquement la figure des deux tranchants de la lame ; d'un côté le son hardcore qui coule dans ses textes et de l'autre les angles arrondis par des mélodies et beats qui visent toujours dans le mille, distillés par RZA, aka le faiseur de miracles.

Comme pour bon nombre d'albums que j'ai écoutés et non encore notés ni plus reviewés, Only Built 4 Cuban Linx... fait partie de cette frange (très rare) de productions exceptionnelles dont est important de parler et souligner. Et pas seulement pour les afficionados du hip-hop, mais aussi et surtout pour un public non averti à ce genre musical; à savoir le hardcore hip-hop. Mais il serait réducteur de s'arrêter là car cet album est un condensé, un mélange, un melting-pot de ce que la musique a à nous offrir. Une heure et dix minutes pendant lesquelles Raekwon et tous les membres du Wu-Tang Clan (excepté l'absence de Ol' Dirty Bastard, allez savoir pourquoi. Il était pitet en taule...) créent un maelstrom incroyable et envoûtant autour de flows, de beats acérés mais également sous-jacentes en background.

Only Built... est de ces opus qui vous fout une claque dès la première écoute, quelque chose se passe immédiatement dans votre tête. Le tourbillon acoustico-lyrique s'accroche sans vous lâcher du début à la fin. Les associations en featuring sont top-niveau classe mondiale, et pour la toute première fois dans le monde du Wu-Tang Clan, un rappeur extérieur vient apporter son concours sur un titre (Nas sur "Verbal Intercourse"), et ça donne là aussi une qualité qui dépasse l'entendement.
C'est la 3è ou 4è fois que je ressens pareils sentiments à l'écoute d'un album de hip-hop, après le Enter the Wu-Tang (36 Chambers) du Wu-Tang Clan, The Infamous de Mobb Deep et le Endtroducing..... de DJ Shadow; tous trois notés 5*. Ainsi que Liquid Swords cité en intro. C'est dire.  

Creusons...

Raekwon établit un parallèle entre les destinées des membres du Wu-Tang Clan et ceux d'une famille de la mafia. Hormis cette parabole peu évidente à saisir, Only Built 4 Cuban Linx ouvre effectivement la voie du gangsta rap west-coast qui ne va pas tarder à exploser avec All Eyez on Me de 2Pac l'année suivante.

Le plus surprenant dans OB4CL, c'est son climat étonnamment apaisé. Raekwon arrive à alléger les rythmiques du gangsta rap tout en conservant les bruitages de rue et autres dialogues estampillés comme tels. Au lieu d'une menace permanente, c'est plutôt une sorte de reportage auquel se livrent Raekwon et RZA. Un seul skit vient s'immiscer dans un flow quasi discontinu de 18 morceaux, et justement en plein milieu comme pour nous signifier que c'est l'entracte. Allez chercher du pop-corn et revenez écouter la suite. Acte II. La suite ? le premier acte est de très haute volée mais le second est selon moi un modèle du genre. Alors que je situerais la première partie dans un cadre pluvieux, humide et venteux, la seconde passe de cette atmosphère mortifère ("Criminology", "Guillotine (Swordz)" et "Rainy Dayz") à la cryogénisation comme en attestent les titres "Ice Water", "Glaciers of Ice" et "Ice Cream". Et l'avant-dernière piste "Heaven & Hell" assoit encore mieux le passage entre les deux mondes ; le chaud et le froid. Ou plus métaphoriquement la confrontation entre le Mal et le Bien. Cet opus résume très bien cette dichotomie détenue dans ce titre. A la fois l'Enfer sur Terre et le Paradis rédempteur.
Ce glissement syntaxique donne à la thématique de l'album tout son sens, à l'instar d'une pièce de théâtre dans laquelle les personnages seraient amenés à jouer des scènes dans des environnements bien distincts. On peut presque parler de concept-album quand on cite ce premier essai de Raekwon au regard de tout ce que j'ai dit précédemment. C'est même implacable finalement. Une espèce d'estampille au Clan et ses membres.

Passé le constat rhétorique et l'ambiance générale, il est selon moi clair et définitif que cette production est l'une des plus importantes et déterminantes dans le hip-hop. Sur Only Built... le hardcore east-coast s'entremêle à l'envi avec les atmosphères qu'on retrouvent dans l'horrorcore ("Rainy Dayz" et "Guillotine" par exemple), avec des éléments plus lénifiants comme sur "Verbal Intercourse" et le remix de "Can It Be All So Simple" présent avec sa forme première sur 36 Chambers. Et ces fameuses atmosphères propres au Wu-Tang ; à savoir le côté épique des films de kung-fu retranscrit spécifiquement sur des titres-phare tels "Criminology" et "Guillotine (Swordz)". Voilà quelques exemples et pistes pour lire cet album.

Construit pour durer

J'aurais tellement de choses à dire en plus concernant ce Only Built... mais je crains d'y passer des heures. En résumé, il apparaît comme un album de hip-hop qui aura marqué son époque de par sa conception, production, construction et écriture. A l'heure actuelle, je ne vois aucun opus capable de rivaliser sur tous les points que j'ai cités plus haut. (durée, nombre de morceaux, atmosphère(s), histoire,...)

Album intouchable et unique.

1 Striving for Perfection 1:43
2 Knuckleheadz 4:05
3 Knowledge God 4:27
4 Criminology 3:49
5 Incarcerated Scarfaces 4:30
6 Rainy Dayz 5:17
7 Guillotine (Sworz) 4:21
8 Can It Be All So Simple (Remix) 4:10
9 Shark Niggas (Biters) 1:39
10 Ice Water 4:02
11 Glaciers of Ice 4:54
12 Verbal Intercourse 4:07
13 Wisdom Body 2:34
14 Spot Rusherz 3:51
15 Ice Cream 4:16
16 Wu-Gambinos 4:58
17 Heaven & Hell 3:58
18 North Star (Jewels) 4:00

Label: Loud Records / 07863-66663-2


 

O.C. - Jewelz (1997) (Brooklyn, NY.)

O.C. faisait partie des supergroupes Crooklyn Dodgers et D.I.T.C. au milieu des nineties et le moindre qu'on puisse dire est que ses deux premiers albums en solo sont de très belles réussites.
Après un premier et excellent Word...Life en 1994, le revoici trois ans plus tard avec Jewelz. Encore meilleur. Franchement, en ayant écouté le 1er opus, je ne pouvais imaginer que celui-ci le dépassât. Et pourtant - mis à part le relatif moyen "Far From Yours", l'apport vocal de Yvette Michele donne un côté RnB pas désagréable en soi mais venant "casser" la belle machine de l'album selon moi. Enfin bref pas de quoi non plus se plaindre mais quand je vois le reste de la galette, je me dis que c'était pas forcément nécessaire de claquer ce genre de titre.
Car côté bright side of the moon, y a beaucoup à se mettre sous la dent. Hormis le titre susnommé, tout est digne de figurer dans une compilation de hip-hop. On est de suite mis dans le grand bain dès le morceau introducteur "My World" ; modèle du genre east-coast boom bap avec une production racée de DJ Premier (pléonasme, car DJP a des beats que lui seul peut sortir d'une platine). Un titre qui casse la baraque d'entrée. Et ce n'est pas de la poudre aux yeux comme on peut en trouver ça et là, car la suite lui donne raison où le duo Organized Konfusion vient apporter son concours sur "War Games" ; là encore une prod de Preemo. La touche jazzy en plus qu'un Pete Rock n'aurait pas reniée. C'est vers "The Chosen One" que mon coeur balance le plus. Cette piste me montre une nouvelle fois que la finesse est aussi une facette du rap. C'est de la dream hip-hop en fait ce morceau, couplée à une atmosphère jazzy-lounge hyper relaxante. Check this out! Probablement le moment de l'album le plus lénifiant. Merci Buckwild pour la prod. Saut de puce sur "Stronjay". Cette fois-ci c'est du côté de Da Beatminerz qu'il faut se tourner pour une production rendant ce passage des plus zen. Je le mettrais quasiment au même niveau que "The Chosen One" niveau hypotension et relaxation du cortex. Deux pistes terriblement addictives. Vérifiez donc. Moi qui adore le rap jazzy et le hip-hop east coast estampillé boom bap 'tranquille le chat', je suis servi là. Les cinq derniers morceaux de l'album viennent asseoir un peu plus ce que je viens de dire. La qualité générale mérite d'être saluée, la production est irréprochable avec des pointures qu'on ne présente plus (Buckwild, DJ Premier, Da Beatminerz, Showbiz, Lord Finesse). Et une mention spéciale à DJ Ogee qui lui aussi gagne à être (re)connu car ses deux beats ("Can't Go Wrong" et "You & Yours") sont excellents.

Au final c'est un album que tout amateur de hip-hop devrait écouter, et accessoirement le placer sur la pile du haut des productions du genre. 

1 Intro 0:31
2 My World 4:16
3 War Games 3:30
4 Can't Go Wrong 3:45
5 The Chosen One 4:35
6 Dangerous 4:15
7 Win the G 5:44
8 Far From Yours 4:58
9 Stronjay 5:06
10 M.U.G. 3:21
11 The Crow 4:27
12 You & Yours 4:22
13 Hypocrite 2:31
14 It's Only Right 3:53
15 Jewelz 5:55

Label: Payday / 314-524-399-2

Jaz-O & The Immobilarie - Kingz Kounty (2002) (Brooklyn, NY.)

Les rois du comté, pas cheesy pourtant.

 Un album totalement passé inaperçu dans le monde du hip-hop au début du siècle. Faut dire que le duo n'a pas de fait d'arme hormis deux ou trois trucs de-ci de-là.
Perso c'est à travers le Signature Sounds de DJ Premier que j'ai fait la connaissance des deux gonzes Jaz-O et Immobilarie via "Love is gone" qu'on retrouve ici. La signature sonore du DJ est presque évidente quand on connaît un minimum son boulot. Il signe également à la prod le premier morceau "718".
L'album est long et qui plus est sans skit ni interlude. Alors c'est un peu à quitte ou double cette histoire quand on a un long courrier comme ça d'un trait. Faut vraiment que le contenu soit à la hauteur car on a vite fait de s'ennuyer. Moi oui. Toutefois avec ce Kingz Kounty, point de titres faibles non plus de remplissage. Y a bien "I Know What You Like" et "Diaries" qui sont en-deçà du reste mais l'ensemble est vachement plaisant. Alors évidemment "Love Is Gone" me semble surnager avec ces beats Preemo-esques qui ne dépareilleraient d'aucune manière sur un album de Gang Starr, époque Hard to Earn surtout. Les fameuses mid-90s. L'autre grosse satisfaction vient de la piste "Deadly" qui claque comme une song de Canibus sur Rip the Jacker. Le genre épique quoi.
Outre Preemo, une autre figure s'adonne à un featuring ; Jay-Z sur "Let's Go". Une chanson assez étonnante avec des violons. En l'entendant je me suis dit "oh c'est cool on dirait de la musique celtique". Les autres invités de marque sont les deux barrés de M.O.P sur "Pledge Allegiance". Là on n'est plus dans le monde celtique mais dans le hardcore pur et dur. Ça tabasse, rien de plus.
Sur la piste 12 "Slut", un nom que les amateurs de rap connaissent. Une des figures des racines du genre ; mister Grandmaster Caz. Un des instigateurs des B-Boys dans le Bronx au début des années 80. Pas le dernier des inconnus quoi. Il amène sa patte en feat dans ce morceau à l'ambiance hip-hop/RnB qui me fait penser à "Mrs. Fat Booty" de Mos Def. Enfin l'ultime piste "BQE" où Mr. Cheeks des Lost Boyz donne la touche finale dans cette bonus track qui clôt la galette de fort belle manière. Boom bap, boom bap.

1 718 4:03
2 Jinkin 3:44
3 This Be Him 3:39
4 Let's Go! 4:00
5 I Do 3:36
6 Never Forget You 3:51
7 Take Me Papi 4:00
8 All in the Game 4:32
9 The Best 4:06
10 Live It Up! 4:34
11 I Know What You Like 3:53
12 Slut 4:01
13 Love Is Gone 4:06
14 Diaries 4:13
15 Heron & Crack (Just Say No) 5:36
16 Deadly 4:19
17 Pledge Allegiance 4:04
18 Enemy Lines 4:36
19 B.Q.E. [bonus track] 3:49

Label: Rancore Records 6412332


Pete Rock & C.L. Smooth - Rare Tracks (1998) [Compilation, remixes] (Mount Vernon, NY.)

En seulement trois ans Pete Rock & C.L. Smooth auront laissé au hip-hop une empreinte indélébile marquée par 1 EP et 2 albums incroyables. Tout comme Gang Starr, le duo se voit équipé d'un DJ/producteur/remixer et d'un rappeur first class qui les font passer pour les deux meilleurs duos dans l'histoire du hip-hop.
Alors que C.L. Smooth connaîtra des fortunes diverses, on ne peut pas dire la même chose de Pete Rock qui, de son côté, s'associera entre autres avec son frangin Grap Luva pour former le météorique InI juste après le split d'avec son compère ici, mais aussi et surtout sera producteur sur une kyrielle d'albums (Nas, Ghostface Killah, Slum Village, AZ et j'en passe beaucoup). La platine et la console Akai MPC sont ses amies. Et là sbim transition.

Les 10 morceaux présents ici ne sont pas de simples titres qu'on retrouve sur leurs albums mais comme indiqué des remix par Pete Rock himself évidemment. En plus d'être une compilation qui regroupe tous les gros tubes du duo, ceux-ci se voient affublés d'un retravail total en studio avec l'apport de beats très orientés jazzy (la marque de fabrique de Pete Rock en somme). Je serais tenté de dire que cette mosaïque est quasiment un album à part entière quand on voit le décalage qu'il y a entre les morceaux originaux et les remix de ces derniers. Du nouveau matériel qui n'altère en rien le précédent mais qui plus est lui donne un autre élan, une autre perspective. En fait, on pourrait même dire que ce sont des alternate takes tant la forme et la durée des chansons sont dans un registre nouveau et étendu.

Au final, c'est une compil essentielle dont on a affaire.
Les talents de Pete Rock sont une nouvelle fois mis en avant. 

1 Searching (Remix) 4:50
2 Take You There (Remix) 4:56
3 Lots of Lovin' (Remix) 6:00
4 I Got a Love (Remix) 5:01
5 It's Not a Game (Vocal) 4:23
6 Mecca & the Soul Brother (Wig Out Mix) 6:41
7 Creator (EP Mix - Vocal) 4:44
8 Straighten It Out (Vocal Remix) 4:18
9 They Reminisce Over You (T.R.O.Y.) (Vibes Mix) 4:54
10 Get on the Mic (Remix) 4:05

Label: EastWest / AMCY-2961

Gang Starr - The Ownerz (2003) (Boston, MA.)

Gang Starrz skillz, once again

 Avec Gang Starr, je pensais que l'histoire avait été réglée en 1998 avec Moment of Truth mais ce dernier album a dépassé - et de loin - mes espérances. J'avais jeté une oreille plus ou moins distraite sur deux morceaux ("Zonin" et le feat avec Snoop Dogg "In This Life"), mais en aucun cas je ne m'attendais à ce que TOUT l'album soit d'un tel niveau. D'abord, une note générale bonne sans être exceptionnelle ne m'avait pas interpellé outre mesure, et puis en ayant côtoyé le reste de la discographie du duo, je me disais in petto que le meilleur était derrière eux. Eh bien mes noix ! choc collatéral de premier ordre pour ma gueule. 
16 réelles pistes - en enlevant les skits et interludes - dont seule "Nice Girl, Wrong Place" est en-dessous des autres. Pas mauvaise mais c'est pas du Gang Starr. Sinon le reste ? pouah mes aïeux y a du strong à tous les étages. On ne saurait où donner de la tête tant les bons morceaux pullulent dans cet ultime album des Bostoniens. On rentre de suite dans le vif du sujet avec un titre bien senti ("Put Up or Shut Up") qui lance les hostilités en frontal. Ça sent bon tout ça. Parfois les groupes te foutent de la poudre aux yeux au début et après le soufflet redescend très vite à la hauteur de tes attentes. Mais ici que dalle mon pote. Ça enchaîne, ça déchaîne, ça feature et ça bouscule. On est dans du hardcore light, car faut pas oublier que la force de Gang Starr c'est de proposer une zik qui allie les gros beats qui claquent à des lyrics soyeuses. On fait dans la dentelle en n'oubliant pas de faire passer un message. Voilà le délire. Mais ici - et je trouve qu'ils ont fait fort - Guru et DJ Premier ont su marier leurs forces avec celles de quelques rappeurs sur près de la moitié des titres sans dénaturer leur musique et, a contrario, lui donner un autre élan. Risqué comme pari car les deux compères ont montré par le passé qu'ils pouvaient aisément se suffire à eux-mêmes. L'exemple le plus criant se trouve sur "Who Got Gunz". Pas le morceau le plus délicat qui soit mais celui qui témoigne le mieux d'une collaboration dans le groupe. A moindre mesure "In This Life..." a lui aussi un faire-valoir à exprimer. Ainsi les featurings se mélangent sans sourciller aux autres pistes dans lesquelles Guru est seul au mic. Et ça passe comme une lettre à la poste jusqu'à la fin. "Zonin", "Skillz", "Peace of Mine" et "PLAYTAWIN" sont les quatre pièces-maîtresses de la galette hors featuring.
Contrairement à ce que j'ai pu lire ici et là, l'album ne souffre d'aucune faiblesse par rapport à leurs précédents opus. C'est étrange que je puisse dire ça, moi l'amoureux des années 90 dans le domaine, mais oui cet album est puissant. DJ Premier a encore frappé à la console, a chopé et mixé des samples de salopard, fait un boulot de dingue à la prod comme à son habitude ; à savoir de l’orfèvrerie, donnant à son pote Keith encore la possibilité d'exprimer ses talents d'emcee. D'ailleurs Guru n'est pas le plus impressionnant techniquement derrière un micro, mais foutredieu c'est l'un des rares à savoir utiliser sa voix à bon escient. Du feeling les mecs, de la présence et un flow quasi unique. Ah ce "Peace of Mine" ...

Déjà que j'estime ce duo comme le meilleur de tous les temps dans le hip-hop, là c'est encore plus ancré dans ma tête après avoir écouté The Ownerz. Gang Starr est et restera à jamais comme the best duet ever.
Rideau tiré.
R.I.P. Guru.

1 Intro (HQ, Goo, Panch) 0:47
2 Put Up or Shut Up 3:16
3 Werdz From the Ghetto Child 1:11
4 Sabotage 2:25
5 Rite Where U Stand 3:39 
6 Skillz 3:20
7 Deadly Habitz 4:15
8 Nice Girl, Wrong Place 3:33
9 Peace of Mine 3:03
10 Who Got Gunz 3:36
11 Capture (Militia Pt. 3) 3:23
12 PLAYTAWIN 3:12
13 Riot Akt 4:04
14 (Hiney) 1:32
15 Same Team, No Games 3:45
16 In This Life... 3:06
17 The Ownerz 2:58
18 Zonin' 2:55
19 Eulogy 2:55

Label: Virgin / 7234 5 80247 0 8 

 

Gang Starr - No More Mr. Nice Guy (1989) (Boston, MA.)

Faut bien un début à tout, comme dirait un pote à moi qui n'a pas oublié d'être tautologue les jours de pluie. Bon eh bien je le plagie mais je pense qu'il ne m'en voudra pas pour cette sentence pleine de bon sens et d'à-propos.
Gang Starr, AKA le meilleur duo de hip-hop de tous les temps. Sbim je mets les pieds dans le plat d'entrée de jeu. Oui je voue un quasi culte pour Guru et Preemo. Et bizarrement - bien que je commence toujours la discographie d'un groupe par ses débuts - j'en suis venu à écouter ce No More Mr. Nice Guy après m'être enfilé deux autres galettes postérieures. Genre à la 'sauce préquelle' histoire de voir comment le son de DJ Premier s'est forgé au fil du temps.
1989, where it all began, comme on dit chez les British. Oui tout a commencé à cette date quand DJ Premier a intégré l'équipe.
1989, leur 1er album qui sera aussi leur dernier chez le label (devenu très prisé) Wild Pitch avant d'aller cogner à la lourde de Chrysalis.
1989 c'est cette pochette où les deux compères arborent un couvre-chef en cuir et Guru un futal dans cette même matière. En 2014 c'est zarbi mais à cette époque c'était la mode. Soit. Encore quelques détails, et on pourrait dire qu'ils sont les portiers d'un nightclub gay. Bref.
Bon j'arrête de dire des conneries.

Je pense que si Gang Starr n'avait enregistré que ce seul album, on l'aurait, je pense, taxé de bonne production. Cependant il y a une suite. Et quelle suite ! C'est un mal pour un bien dans un sens. Certes ce premier essai se laisse écouter plaisamment avec des envols tripants ("Gotch U" et "Manifest") mais l'ensemble est bien loin de ce que sera la suite du groupe new-yorkais. On a affaire à du hip-hop assez commun, cool, mais commun. Dans la réédition de 2001 on a droit à un "Here's the Proof" qui aurait gagné à être sur le disque original tant le morceau semble surnager, et assez proche de ce que fera Gang Starr avec les albums suivants.
Sur "Knowledge", y a un "je-ne-sais-quoi" reminiscent qu'on semble retrouver sur le titre "NY State of Mind" de Nas en 1994...avec DJ Premier à la prod. Coïncidence ou mes oreilles ont des visions ? Écoutez donc la basse en background. J'ai comme l'impression que l'empreinte Première est déjà là pour ce morceau de Nas. Mystère.

Enfin voilà, ce Mr. Nice est bien cool quand même.

A1 Premier & the Guru 3:22
A2 Jazz Music 3:24
A3 Gotch U 3:04
A4 Manifest 4:55
A5 Gusto 3:12
A6 DJ Premier in Deep Concentration 3:07
B1 Conscience Be Free 3:54
B2 Cause and Effect 3:15
B3 2 Steps Ahead 3:40
B4 No More Mr. Nice Guy 3:14
B5 Knowledge 3:38
B6  Positivity 3:30

Label: Wild Pitch / WPL 2001



dimanche 10 mai 2015

La the Darkman - Heist of the Century (1998) (Bronx, NY.)

La pochette nous met directement sur la voie ; La the Darkman fait partie de la maison Wu-Tang. Le "Casse du siècle" n'est pas l'album du XXè certes, mais contient de très bons moments comme en témoignent le morceau introducteur Lucci aux accents justement clanique, le titre éponyme et 4 Souls aux forts relents raekwoniens de Only Built..., un Love qui porte bien son nom - doux et soulish - et I Want It All qui clôt parfaitement la galette. Ainsi de belles réussites qui viennent compenser la longueur (70 minutes) qui faut réussir à se gauler, car un seul interlude vient s'intercaler à la 6ème piste. C'est trop peu bien que sur nombre de chansons, des passages "skités" s'immiscent.
Hormis la pochette qui nous signifie l'influence et la présence du Clan, des membres (Ghostface Killah, Raekwon, Masta Killah et U-God) prêtent leur voix et présences dans quelques feats. Ce ne sont malheureusement pas les meilleurs moments de l'opus.

Au final c'est un album très long, trop long et pas facile à digérer. Mais perso je retiens le positif ; à savoir 4 ou 5 titres sortant d'un lot assez linéaire. 

1 Lucci 5:28
2 Shine 4:43
3 City Lights 4:01
4 What Thugs Do 4:48
5 Heist of the Century 3:23
6 Fifth Disciple 1:05
7 Now Y 2:39
8 Spring Water 3:24
9 4 Souls 5:26
10 Street Life 3:43
11 Love 5:08
12 Figaro Chain 2:24
13 Polluted Wisdom 5:16
14 Gun Rule 4:51
15 Element of Surprise 3:06
16 Az the World Turnz 3:45
17 Wu-Blood Kin 2:54
18 I Want It All 4:17

Label: Supreme Team Entertainment ‎– 30072

Ghostface Killah - Supreme Clientele (2000) (Staten Island, NY.)

Un peu plus de trois ans après sa première galette, Ghostface Killah revient là encore avec un album qui flirte avec la perfection. Ça en devient agaçant. 
Ghostface Killah, AKA le membre du Wu-Tang Clan qui a probablement le storytelling le plus vaste, le plus enivrant, le plus riche. Outre sa particularité à savoir raconter des histoires dans ses albums, il est aussi celui qui a la meilleure gestion du débit de ses mots tout en couplant la rapidité et la variété de son vocabulaire (son fameux "cryptic slang") . Au même niveau là, je ne vois que Nas qui puisse rivaliser. Son autre spécificité réside dans l'émotion qu'il arrive à transmettre dans ses rimes ("One", "Malcolm") tout en n'omettant pas d'avoir une attaque incisive de son phrasé. Là encore je ne vois pas quel autre rappeur réussit à combiner tout ça.
Ce deuxième opus du Ghost est encore meilleur que son 1er essai. Je ne l'aurais pas cru avant de l'écouter car j'étais resté sur une grosse impression de Ironman. Mais Supreme Clientele possède une homogénéité dans la qualité des compos que son précédent album a certes, mais à moindre mesure.
Le pressage canadien propose un tracklisting quasi identique à cela près que les skits et interludes sont inclus au sein des morceaux, ainsi qu'un switch entre "The Grain" et "In the Rain (Wise)". Sans doute une écoute plus fluide avec 14 pistes au lieu de 21 ici.

Un grand album de hip-hop. 

1 Iron's Theme - Intro
2 Nutmeg
3 One
4 Saturday Nite
5 Ghost Deini
6 Apollo Kids
7 The Grain
8 Buck 50
9 Mighty Healty
10 Woodrow the Basehead
11 Stay True
12 We Made It
13 Stroke of Death
14 Iron's Theme - Intermission
15 Malcolm
16 Who Would You Fuck
17 Child's Play
18 Cherchez La Ghost
19 Wu Banga 101
20 Clyde Smith (Skit)
21 Iron's Theme - Conclusion

Label: Epic / EK 69325

Brokin English Klik - Brokin English Klik (1993) (New York)

1993 est une grande année pour le hip-hop east coast, mais également pour les trouvailles underground. Bien que Brokin English Klik soit sorti sur Wild Pitch (un label réputé et connu dans le rap américain, fin 80s), cette production reste à ce jour assez confidentielle. Le duo Da Mad Scientist et Mack 10 (rien à voir avec le Mack 10 de la west coast) délivre un son somme toute assez générique pour l'époque, mais suffisamment agréable avec ses touches jazzy disséminées un peu partout, pour le faire passer agréablement dans mes baffles.
A noter que l'on retrouve "Who's da Gangsta" sur la compilation Hi-Phat Diet - A Wild Pitch Compilation aux côtés de Main Source, Gang Starr, Ultramagnetic MC's et autre Lord Finesse. Un morceau catchy, digne de figurer sur une telle compil, ou soundtrack. De quoi donner au groupe un peu de lumière après un album qui restera sans suite. 


1 Who's da Gangsta?
2 Kaos ta Bass
3 Hard Core Beats
4 Underground Dweller
5 Here Come da Hoods (Vibe Mix)
6 They Shoulda Killed Me
7 9 Reasons
8 Here Come da Hoods (Fat Horn Mix)
9 Youth Gone Mad
10 10 Years and Countin
11 Let Go My Ego
12 Ready, Aim, Shoot

Label: Wild Pitch Records / E2-89046


Sugarhill Gang - Sugarhill Gang (1980) (Englewood, NJ.)

L'histoire du rap commence en 1979. Les Sugarhill Gang incarnent ces débuts prometteurs quand les trois membres enregistrèrent ce qui restera comme la pierre angulaire d'un début de commencement: Rapper's Delight
Une version de près de 15 minutes (en single uniquement) qui marquera les esprits comme étant la plus longue jam de rap jamais gravée sur vinyle, avec un nombre incroyable de couplets (plus de 90 je crois). Un record. 35 ans après, cette perf n'a pas été égalée et ne le sera jamais. Pourquoi ? parce que les poseurs de pierre resteront pour toujours comme les premiers bâtisseurs.

La pochette représente au mieux ce qu'est le Sugarhill Gang ; des showmen, des enflammeurs de dancefloors à l'instar de Kurtis Knight avec ses Breaks. Les trois gonzes réussissent dans cet exercice en se passant le mic dans le morceau nommé plus haut, mais dans un album il y a d'autres pistes et c'est là que la vinaigrette tourne pas terrible. Une face A sinon insipide, du moins blafarde, mellow et molle du genou. Ça sent même la rupture des ligaments croisés tellement on s'emmerde à vrai dire. Et à ceux qui pensent que cette galette est du hip-hop se trompent lourdement car, hormis Rappers' Delight et quelques touches de Sugar Hill Groove, cet opus tend vers le disco et la funk. Pas plus.

Ce qui faut retenir de tout ça c'est avant tout le caractère historique de cette production. 1979 mes amis, vous vous rendez compte du délire ? En pleine vague disco (genre que je déteste dans sa globalité) et d'un autre côté le punk, un élan venu du Bronx allait bousculer la fourmilière au tournant des années 80. Une kyrielle de petits groupes - souvent éphémères - contribuèrent à forger ce qui deviendra peu de temps après le rap. Le Sugarhill Gang fut de ceux-là.

Je n'ai plus qu'une chose à dire :

"I said a hip hop,
Hippie to the hippie,
The hip, hip a hop, and you don't stop, a rock it
To the bang bang boogie, say, up jump the boogie,
To the rhythm of the boogie, the beat."

Et rien que pour ce morceau, merci à vous. 

A1 Here I Am 5:09
A2 Rapper's Reprise (Jam-Jam) 7:40
A3 Bad News 6:45
B1 Sugar Hill Groove 9:52
B2 Passion Play 5:10
B3 Rapper's Delight 4:55

Label: Sugar Hill / SH-245


Grandmaster Flash & The Furious Five - The Message (1982) (Bronx)

« It's like a jungle sometimes, it makes me wonder
How I keep from going under.
»
Récap :  
A ceux qui croient que Grandmaster Flash & The Furious Five c'est juste l'histoire d'un one-hit wonder, se trompent lourdement. The Message est bien entendu LE titre que toute la planète associe aux boys du Bronx mais quelques années auparavant, le crew s'appelait Younger Generation, et c'est sous ce nom qu'ils enregistrèrent un très bon morceau en 1979 ("We Rap More Mellow"). Dans la foulée il y eut "Freedom" et "The Adventures of Grandmaster Flash on the Wheels of Steel". Mais c'est surtout "Superappin" qui lança réellement les hostilités en 1979 pour le groupe. Certes un titre moins accrocheur et racoleur que The Message mais qui mérite, avec sa guitare funky, lui aussi toutes les éloges. Voilà comment j'aime GFFF; du hip-hop, de la funk et de la fraîcheur. 

CAR

l'album The Message n'est pas ce qu'on serait amené à croire avant de l'avoir écouté. Tout commence plutôt bien avec la face A qui alterne entre le rap, l'electro boogie et la funk. Mais les choses se gâtent dès que la face B s'enclenche. Les deux premières pistes ("Dreamin" et "You Are") sont des catastrophes mielleuses qui anéantissent à elles-seules la galette ; deux guimauves dignes de figurer dans un album de Whitney Houston. Et c'est là que le bas blesse car la légende Grandmaster Flash se voit mise à mal. Qu'est-ce qui a bien pu leur passer par la tête pour oser enregistrer ces deux choses venues d'ailleurs, alors que le morceau qui suit peut être considéré comme l'un des meilleurs de hip-hop de tous les temps ? Mystère.
C'est là le principal défaut de cet album; c'est qu'il ne se pose nulle part. Il y a bien du rap mais finalement peu, des moments electro et funk sur la face A, de la soul déprimante (sic!) sur la face B et des pincées de R&B. Et hormis cette comète qui clôt le vinyle, le reste n'est pas du tout à la hauteur de ce qu'ils ont pu faire précédemment. Personnellement je suis déçu du résultat car UN titre ne sauve pas un ensemble. On a affaire ici à un album, pas un single. L'homogénéité est ce qui fait défaut. On dirait que les types ont pris des chansons et se sont dit "tiens, si on mettait ce pot-pourri sur un même disque !?" bah la v'là l'idée de cons !

Putain, heureusement qu'y a The Message n'empêche...
Sans rancune les mecs. 

A1 She's Fresh 4:56
A2 It's Nasty 4:15
A3 Scorpio 5:10
A4 It's a Shame 4:58
B1 Dreamin 5:45
B2 You Are 4:49
B3 The Message 7:11

Label: Sugar Hill / SH 268