dimanche 10 mai 2015

La the Darkman - Heist of the Century (1998) (Bronx, NY.)

La pochette nous met directement sur la voie ; La the Darkman fait partie de la maison Wu-Tang. Le "Casse du siècle" n'est pas l'album du XXè certes, mais contient de très bons moments comme en témoignent le morceau introducteur Lucci aux accents justement clanique, le titre éponyme et 4 Souls aux forts relents raekwoniens de Only Built..., un Love qui porte bien son nom - doux et soulish - et I Want It All qui clôt parfaitement la galette. Ainsi de belles réussites qui viennent compenser la longueur (70 minutes) qui faut réussir à se gauler, car un seul interlude vient s'intercaler à la 6ème piste. C'est trop peu bien que sur nombre de chansons, des passages "skités" s'immiscent.
Hormis la pochette qui nous signifie l'influence et la présence du Clan, des membres (Ghostface Killah, Raekwon, Masta Killah et U-God) prêtent leur voix et présences dans quelques feats. Ce ne sont malheureusement pas les meilleurs moments de l'opus.

Au final c'est un album très long, trop long et pas facile à digérer. Mais perso je retiens le positif ; à savoir 4 ou 5 titres sortant d'un lot assez linéaire. 

1 Lucci 5:28
2 Shine 4:43
3 City Lights 4:01
4 What Thugs Do 4:48
5 Heist of the Century 3:23
6 Fifth Disciple 1:05
7 Now Y 2:39
8 Spring Water 3:24
9 4 Souls 5:26
10 Street Life 3:43
11 Love 5:08
12 Figaro Chain 2:24
13 Polluted Wisdom 5:16
14 Gun Rule 4:51
15 Element of Surprise 3:06
16 Az the World Turnz 3:45
17 Wu-Blood Kin 2:54
18 I Want It All 4:17

Label: Supreme Team Entertainment ‎– 30072

Ghostface Killah - Supreme Clientele (2000) (Staten Island, NY.)

Un peu plus de trois ans après sa première galette, Ghostface Killah revient là encore avec un album qui flirte avec la perfection. Ça en devient agaçant. 
Ghostface Killah, AKA le membre du Wu-Tang Clan qui a probablement le storytelling le plus vaste, le plus enivrant, le plus riche. Outre sa particularité à savoir raconter des histoires dans ses albums, il est aussi celui qui a la meilleure gestion du débit de ses mots tout en couplant la rapidité et la variété de son vocabulaire (son fameux "cryptic slang") . Au même niveau là, je ne vois que Nas qui puisse rivaliser. Son autre spécificité réside dans l'émotion qu'il arrive à transmettre dans ses rimes ("One", "Malcolm") tout en n'omettant pas d'avoir une attaque incisive de son phrasé. Là encore je ne vois pas quel autre rappeur réussit à combiner tout ça.
Ce deuxième opus du Ghost est encore meilleur que son 1er essai. Je ne l'aurais pas cru avant de l'écouter car j'étais resté sur une grosse impression de Ironman. Mais Supreme Clientele possède une homogénéité dans la qualité des compos que son précédent album a certes, mais à moindre mesure.
Le pressage canadien propose un tracklisting quasi identique à cela près que les skits et interludes sont inclus au sein des morceaux, ainsi qu'un switch entre "The Grain" et "In the Rain (Wise)". Sans doute une écoute plus fluide avec 14 pistes au lieu de 21 ici.

Un grand album de hip-hop. 

1 Iron's Theme - Intro
2 Nutmeg
3 One
4 Saturday Nite
5 Ghost Deini
6 Apollo Kids
7 The Grain
8 Buck 50
9 Mighty Healty
10 Woodrow the Basehead
11 Stay True
12 We Made It
13 Stroke of Death
14 Iron's Theme - Intermission
15 Malcolm
16 Who Would You Fuck
17 Child's Play
18 Cherchez La Ghost
19 Wu Banga 101
20 Clyde Smith (Skit)
21 Iron's Theme - Conclusion

Label: Epic / EK 69325

Brokin English Klik - Brokin English Klik (1993) (New York)

1993 est une grande année pour le hip-hop east coast, mais également pour les trouvailles underground. Bien que Brokin English Klik soit sorti sur Wild Pitch (un label réputé et connu dans le rap américain, fin 80s), cette production reste à ce jour assez confidentielle. Le duo Da Mad Scientist et Mack 10 (rien à voir avec le Mack 10 de la west coast) délivre un son somme toute assez générique pour l'époque, mais suffisamment agréable avec ses touches jazzy disséminées un peu partout, pour le faire passer agréablement dans mes baffles.
A noter que l'on retrouve "Who's da Gangsta" sur la compilation Hi-Phat Diet - A Wild Pitch Compilation aux côtés de Main Source, Gang Starr, Ultramagnetic MC's et autre Lord Finesse. Un morceau catchy, digne de figurer sur une telle compil, ou soundtrack. De quoi donner au groupe un peu de lumière après un album qui restera sans suite. 


1 Who's da Gangsta?
2 Kaos ta Bass
3 Hard Core Beats
4 Underground Dweller
5 Here Come da Hoods (Vibe Mix)
6 They Shoulda Killed Me
7 9 Reasons
8 Here Come da Hoods (Fat Horn Mix)
9 Youth Gone Mad
10 10 Years and Countin
11 Let Go My Ego
12 Ready, Aim, Shoot

Label: Wild Pitch Records / E2-89046


Sugarhill Gang - Sugarhill Gang (1980) (Englewood, NJ.)

L'histoire du rap commence en 1979. Les Sugarhill Gang incarnent ces débuts prometteurs quand les trois membres enregistrèrent ce qui restera comme la pierre angulaire d'un début de commencement: Rapper's Delight
Une version de près de 15 minutes (en single uniquement) qui marquera les esprits comme étant la plus longue jam de rap jamais gravée sur vinyle, avec un nombre incroyable de couplets (plus de 90 je crois). Un record. 35 ans après, cette perf n'a pas été égalée et ne le sera jamais. Pourquoi ? parce que les poseurs de pierre resteront pour toujours comme les premiers bâtisseurs.

La pochette représente au mieux ce qu'est le Sugarhill Gang ; des showmen, des enflammeurs de dancefloors à l'instar de Kurtis Knight avec ses Breaks. Les trois gonzes réussissent dans cet exercice en se passant le mic dans le morceau nommé plus haut, mais dans un album il y a d'autres pistes et c'est là que la vinaigrette tourne pas terrible. Une face A sinon insipide, du moins blafarde, mellow et molle du genou. Ça sent même la rupture des ligaments croisés tellement on s'emmerde à vrai dire. Et à ceux qui pensent que cette galette est du hip-hop se trompent lourdement car, hormis Rappers' Delight et quelques touches de Sugar Hill Groove, cet opus tend vers le disco et la funk. Pas plus.

Ce qui faut retenir de tout ça c'est avant tout le caractère historique de cette production. 1979 mes amis, vous vous rendez compte du délire ? En pleine vague disco (genre que je déteste dans sa globalité) et d'un autre côté le punk, un élan venu du Bronx allait bousculer la fourmilière au tournant des années 80. Une kyrielle de petits groupes - souvent éphémères - contribuèrent à forger ce qui deviendra peu de temps après le rap. Le Sugarhill Gang fut de ceux-là.

Je n'ai plus qu'une chose à dire :

"I said a hip hop,
Hippie to the hippie,
The hip, hip a hop, and you don't stop, a rock it
To the bang bang boogie, say, up jump the boogie,
To the rhythm of the boogie, the beat."

Et rien que pour ce morceau, merci à vous. 

A1 Here I Am 5:09
A2 Rapper's Reprise (Jam-Jam) 7:40
A3 Bad News 6:45
B1 Sugar Hill Groove 9:52
B2 Passion Play 5:10
B3 Rapper's Delight 4:55

Label: Sugar Hill / SH-245


Grandmaster Flash & The Furious Five - The Message (1982) (Bronx)

« It's like a jungle sometimes, it makes me wonder
How I keep from going under.
»
Récap :  
A ceux qui croient que Grandmaster Flash & The Furious Five c'est juste l'histoire d'un one-hit wonder, se trompent lourdement. The Message est bien entendu LE titre que toute la planète associe aux boys du Bronx mais quelques années auparavant, le crew s'appelait Younger Generation, et c'est sous ce nom qu'ils enregistrèrent un très bon morceau en 1979 ("We Rap More Mellow"). Dans la foulée il y eut "Freedom" et "The Adventures of Grandmaster Flash on the Wheels of Steel". Mais c'est surtout "Superappin" qui lança réellement les hostilités en 1979 pour le groupe. Certes un titre moins accrocheur et racoleur que The Message mais qui mérite, avec sa guitare funky, lui aussi toutes les éloges. Voilà comment j'aime GFFF; du hip-hop, de la funk et de la fraîcheur. 

CAR

l'album The Message n'est pas ce qu'on serait amené à croire avant de l'avoir écouté. Tout commence plutôt bien avec la face A qui alterne entre le rap, l'electro boogie et la funk. Mais les choses se gâtent dès que la face B s'enclenche. Les deux premières pistes ("Dreamin" et "You Are") sont des catastrophes mielleuses qui anéantissent à elles-seules la galette ; deux guimauves dignes de figurer dans un album de Whitney Houston. Et c'est là que le bas blesse car la légende Grandmaster Flash se voit mise à mal. Qu'est-ce qui a bien pu leur passer par la tête pour oser enregistrer ces deux choses venues d'ailleurs, alors que le morceau qui suit peut être considéré comme l'un des meilleurs de hip-hop de tous les temps ? Mystère.
C'est là le principal défaut de cet album; c'est qu'il ne se pose nulle part. Il y a bien du rap mais finalement peu, des moments electro et funk sur la face A, de la soul déprimante (sic!) sur la face B et des pincées de R&B. Et hormis cette comète qui clôt le vinyle, le reste n'est pas du tout à la hauteur de ce qu'ils ont pu faire précédemment. Personnellement je suis déçu du résultat car UN titre ne sauve pas un ensemble. On a affaire ici à un album, pas un single. L'homogénéité est ce qui fait défaut. On dirait que les types ont pris des chansons et se sont dit "tiens, si on mettait ce pot-pourri sur un même disque !?" bah la v'là l'idée de cons !

Putain, heureusement qu'y a The Message n'empêche...
Sans rancune les mecs. 

A1 She's Fresh 4:56
A2 It's Nasty 4:15
A3 Scorpio 5:10
A4 It's a Shame 4:58
B1 Dreamin 5:45
B2 You Are 4:49
B3 The Message 7:11

Label: Sugar Hill / SH 268