lundi 11 mai 2015

Oxmo Puccino - L'amour est mort (2001) (Paris, FR.)

Plutôt pop que hip-hop

C'est dingue comme en trois années, un artiste peut passer d'un album frisant l'insolente perfection à un second opus frisant quant à lui l'indélicate platitude des rappeurs de seconde zone.
Explications.

Oxmo Puccino est ce que je nomme un "poète hardcore". Mêlant anecdotes, faits divers et histoires personnelles dans ses chansons, il incarne à la fin du siècle dernier le rappeur à la voix de velours dans un corps de colosse. A la fois déliés et empreints de conscience, nombreux sont ses textes à marier la riche rime aux métaphores de la vie quotidienne. Son premier album Opéra Puccino en est le parfait exemple dans le monde du rap français. (je pense même le placer - cet album - parmi les tous meilleurs dans l'Hexagone). Cependant, début du XXIè siècle - il sort une deuxième production qui est loin d'établir le même constat. Très loin même. Alors que Opéra Puccino nous faisait étalage de tout son talent pendant 70 minutes en se disant même qu'il aurait pu continuer pendant une demi-heure, ici les 75 minutes paraissent une éternité. J'en reviens au début de cette critique en affirmant que c'est fou comme d'un album à l'autre les mouches ont changé d'âne. A tous les niveaux d'ailleurs. 
D'abord la production. Pouah qu'est-ce que c'est fade. Mis à part les deux petits bijoux que sont "Boule de neige 2001" et "J'ai mal au mic" (dans le fond et la forme), le reste est soit moyen soit pas bon du tout. Je ne parle pas de "Fais-le pour moi" qui est très probablement le pire morceau que Oxmo ait pu enregistrer. Donc la prod est d'une fadeur innommable. Les beats sont d'un commun, le flow est plat lui aussi. On a affaire à une suite de chansons, posées là comme une rosée en diverses saisons. Sans but, sans raison. 
Deuxio, les paroles. L'émotion dans le verbe a disparu des tablettes. Un manque d'inspiration dès le deuxième album ? j'en doute car il reviendra plus tard avec des bons textes. Mais il s'associe avec les mauvaises personnes surtout. Les quelques featurings ne cassent pas trois pattes à un canard. Pis, ils cassent parfois les coui****. Il y a comme un sentiment d'épidémie du bas-étage dans L'amour est mort. Alors qu'il est censé être un clin d’œil à Jacques Brel, il donne plutôt la sensation d'être un hommage au mauvais goût ainsi qu'à un ensemble hétéroclite qui ne va nulle part. 1h15 c'est foutrement long quand c'est pas bon. A vrai dire on ne sait où se poser car il y a vraiment trop de morceaux moyens.  
Tertio, on ne sent pas Oxmo concerné par ce qu'il chante. Comme s'il répétait mécaniquement des textes, déclamés la plupart du temps sans âme, sans substance, sans envie. Paradoxal puisque les thèmes abordés devraient nécessiter un minimum d'engagement et d'attaque vocale. Alors que sur son précédent opus, les beats claquaient fort, donnant le tempo et l'empreinte au disque. A contrario ici le ton est linéaire et donne rarement satisfaction. En gros ça ne décolle jamais.

Perso c'est une déception car deux pistes ne peuvent sauver un ensemble qui ne s'engage pas et se cantonne à rester aux frontières d'un rap mellow.

Alors l'amour est mort au moins pour cet album.
 

1 Je vous l'ai dit 0:24
2 Quand j'arrive... 4:01
3 Demain peut-être 4:24
4 La valse de Jéricho 0:44
5 Le tango des belles dames 3:50
6 J'ai mal au mic 3:16
7 Boule de neige 2001 4:00
8 Le laid 2:54
9 Décembre 19.97 +1 1:08
10 Ghettos du monde 3:48
11 Nuit de stress 0:49
12 S'13-6.35 4:45
13 Premier suicide 4:37
14 Fais-le pour moi 4:07
15 A ton enterrement 5:02
16 Souvenirs 4:08
17 Mine de cristal 4:50
18 Balance la sauce 4:18
19 Guérilla 1:29
20 Antidiplomate 4:15
21 Les raisons du crime 4:05
22 L'amour est mort 2:59

Label: Delabel / 7243 8 50520 2 6


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