mercredi 13 mai 2015

Kool Shen - Dernier Round (2004) (Saint-Denis, FR.)

Bruno Lopes, aka Kool Shen est évidemment l'associé de Joey starr au sein du Suprême NTM. Bien loin des battages médiatiques d'un Joey Starr exubérant et caractériel (du moins à l'époque), il a incarné durant les années 90 l'homme de l'ombre du duo du 9-3, la force tranquille et la tête froide. Pourtant derrière les textes se cache sa patte (le plus souvent), la richesse des rimes lui sont dû pour la majeure partie.

J'ai toujours eu beaucoup d'estime pour ce type, lui le gosse d'immigrés portugais qui a grandi dans la banlieue de Seine-Saint-Denis au beau milieu de la culture hip-hop du début des années 80. A l'instar d'Akhenaton, il a donné un coup de pied dans la fourmilière de la bien-pensance française à une époque où le rap n'avait pas bonne presse. Alors qu'avec NTM, l'ambiance était plutôt centrée sur un hip-hop hardcore sans concession, le voici en 2004 avec un 1er album solo dans lequel il dresse le bilan de son parcours, et par extension celui de NTM. Il y parle de ses débuts ("On a enfoncé des portes"), des choses qui n'évoluent pas dans la société et les mentalités figées ("C'est mal barré"), il évoque également la perte de son ex-compagne Virginie Sullé ("Un ange dans le ciel"); un moment beau et très poignant, mais il se pose également dans une introspection ("Qui suis-je") faisant par-là un état des lieux de sa vie, de ce qu'il est.

Car Dernier Round parle de lui-même. L'heure est au bilan. Le temps de dresser les constats et de régler quelques comptes aussi ("Les médias"). Il a toujours rejeté le système pourri et corrompu des médias servant de marionnettes aux politiques. Sorti sur son propre label IV My People, Dernier Round, malgré quelques faibles passages, est un album qui mérite qu'on s'y attarde, surtout sur la fin.
Je le dis et le répète, Kool Shen est l'un des tous meilleurs MC que la France ait pu connaître à ce jour.
Il le démontre une nouvelle fois.

Mention spéciale à "Les médias", "Quand j'prends le mic" et le featuring avec Oxmo Puccino "Dernier Round". 

1 1er Round 0:48
2 On a enfoncé des portes 3:28
3 C'est mal barré 3:53
4 Y suffit d'un rien 3:44
5 Two Shouts IV My People 3:52
6 Dans mon coin (Interlude) 1:49
7 Qui suis-je ? 3:36
8 Change de style 4:14
9 93.2 radio (Interlude) 0:47
10 Le retour du babtou 3:02
11 Oh No 4:22
12 Un ange dans le ciel 3:50
13 Les médias 3:20
14 Quand j'prends le mic (Remix) 3:42
15 Dernier Round 4:20

Label: IV My People / MYP M24-2

K-Mel - Réflexions (2001) (Creil, FR.)

K-Mel se lance en solo après le split d'avec Alliance Ethnik. Et le moindre que l'on puisse dire c'est que son unique album ne restera pas dans les mémoires. Surfant alors sur la vague de la french touch fraîchement laissée par son ancien groupe sur certains artistes US qui n'y étaient pas insensibles, il se voit associé sur certains morceaux par quelques pointures; Nate Dogg et son pote Warren G ("Regulate", rappelez-vous), Cunnie Williams et surtout Phife Dawg de A Tribe Called Quest ! Jolie brochette.

Hormis ces morceaux de l'album, le reste, sans être mauvais, ne casse pas trois pattes à un canard. C'est un mélange de rap, rnb, des moments funk parsemés, le tout servi sur un beat le plus souvent east-coast boom bap. Faut dire que ses références musicales se trouvent sur la cote est des States, déjà quand il était avec Alliance Ethnik. Ainsi le meilleur morceau reste sans conteste "Solo Mouvement" (ah ces touches jazzy Questiennes !) Phife Dawg; pas étonnant quand on connait la carrière du monsieur avec ATCQ. You know what I'm sayin!?

Pourtant avant cette chanson l'histoire était mal engagée. "Bitch", "Question de langage" et "J'écris pour ma liberté" partaient du mauvais pied. Lyrics et beats assez pauvres. Mais la suite rattrape et fait (presque) oublier ce faux pas. "Mon microphone est mon seul ami" est lui aussi une bonne surprise; un titre dansant, frais et funky en feat avec Cunnie Williams. Si tout l'album avait été de ce tonneau, je pense que j'aurais kiffé.
Un autre problème ici c'est la longueur. Plus de 71 minutes pour un album de hip-hop c'est dur à avaler, surtout quand ça part dans tous les sens avec des thèmes pas toujours cohérents les uns avec les autres. Genre un pot-pourri où K-Mel aurait mis tous ses post-its en chansons. Donc pas vraiment de fil conducteur à cet album même si, je le répète, il y a des passages agréables et intéressants.

Au final, on ne reverra plus K-Mel enregistrer un opus. Si je ne me trompe pas, il se serait retiré du monde de la musique pour s'installer dans l'arrière-pays héraultais pour élever des chèvres ou un truc comme ça.
Non, non c'est pas des conneries. 

1 Intro 1:57
2 Bitch (Je n'appelle pas les femmes...) 4:46
3 Question de langage 5:19
4 J'écris pour ma liberté 4:19
5 Solo Mouvement 4:55
6 Fonk You 4:21
7 Définition 4:36
8 Mon but est fixé 3:51
9 West "Chino" Coast Interlude 0:54
10 Réflexions 3:49
11 Je ne change pas de nom 4:54
12 Warren G & K-Mel - I Want It All 4:03
13 12 ans d'absence 4:40
14 Bizness 4:31
15 Mon microphone est mon seul ami 4:28
16 Plus hip-hop que qui ? 4:07
17 Creil City 2000 3:54
18 Outro 1:57

Label: Delabel / 7243 8505172 2

H.S.D. - Lungs Like a Rasta (1997) (Los Angeles, CA.) [EP]

Je suis toujours plus laxiste quand il s'agit de noter des artistes inconnus. H.S.D. c'est le sigle de High School Dropouts; grosso modo les "recalés du bahut". Ça en dit long sur les deux membres du combo (Marc da Murdurah et Meen Green). Trainer dans les rues, s'adonner à des activités pas très catholiques, fumer de la weed. Le titre de cet EP ne laisse planer aucun doute d'ailleurs; "Les poumons d'un rasta".

Effectivement quand on écoute cette unique sortie des deux gars de Los Angeles, on navigue dans les effluves d'un aquarium allongeant de longues tafs de oinjs qui tournent, et qui tournent, et qui tournent. La tête aussi tourne. Perso je ne suis pas un smoker, mais l'esprit me plait assez.
En ce qui concerne la musique proposée, on est loin, très loin de leurs coreligionnaires ouest américain. Aucun morceau ne se départit du reste; ce qui est la seule homogénéité à cet EP. Rien de foncièrement mauvais mais rien de transcendant non plus. Tout y est moyen. Trop. Et puis y a cette production très roots, au bord de l'amateurisme, le genre de truc qui a l'air d'avoir été enregistré dans une chambre ou un local bas de gamme.

Pour collectionneurs hip-hop fans de raretés. 

A1 Lungs Like a Rasta
A2 Juicy Interlude
A3 Despite
A4 Far From A...
A5 420 Team
B1 H.S.D.
B2 Tape It Off
B3 Cement Boxin' Gloves
B4 Lungs Like a Rasta (Instrumental)

Label: Beats and Rhymes Records / BAR-1420

All City - Metropolis Gold (1998) (Brooklyn, NY.)

Citer Plutarque dans une review de hip-hop, c'est tellement improbable que j'en souris. Barba non facit philosophum, "la barbe ne fait pas le philosophe". Voilà comment pourrait se caractériser cet opus. Voilà en quoi je pourrais définir le nombre misérable de notes qui entourent cet album absolument inconnu (pourtant sur une major).
All City c'est un short-lived combo de Brooklyn qui a enregistré un unique album et sorti quelques singles l'environnant. Et pi basta. Pourtant y a du beau linge dans cette galette. Visez un peu. DJ Premier à la prod sur "The Actual", Pete Rock sur "Priceless", Onyx en featuring sur "Xtreme", Rockwilder à la prod ("Stay Awake", "Get Paid" et "Move on You") ainsi que DJ Clark Kent avec "The Hot Joint". En somme pas des puceaux de studio. Donc étonnant que ce groupe n'ait pas rameuté plus d'infos sur la toile. Parce que laissez-moi vous dire qu'on a ici affaire à quelque chose qui vaut son pesant de M&M's. Oui, je le clame haut et fort et l'assume pleinement; cet album est excellent.
Un seul essai mais quelle transformation ! Plus d'une heure sans faux pas, des beats accentués par endroits de touches jazzy du plus bel effet, des passages encore plus smoothie ("Live It Up") avec les Native Soul et "Daydreaming" où le r&b fait son petit effet. Le reste du gâteau nous propose du hip-hop boombapien de la Côte Est (pléonasme en quelque sorte) mais sans forcer sur les doses hardcore. Et c'est là que ça me plait. Les All City ne sont pas des bourrins, ils arrondissent les angles et me font penser à un mix entre les Digable Planets, les Beatnuts et la douceur lénifiante de A Tribe Called Quest comme sur les morceaux "Just Live" et "Favorite Things" (rien à voir avec John Coltrane).

Trêve de bavardage. Allez écouter cette galette, c'est un ordre. 

1 Who Dat (Skit)
2 Stay Awake
3 Priceless
4 Metrotheme
5 Xtreme
6 The Hot Joint (Remix)
7 The Actual
8 NY Live It Up
9 Afta Hourz
10 Ded Right
11 Get Paid
12 Timez Is Hard
13 Daydreaming
14 Favorite Things
15 The Hot Joint
16 Move on You (Remix)
17 Just Live

Label: MCA / MCASD 11829