mercredi 13 mai 2015

H.S.D. - Lungs Like a Rasta (1997) (Los Angeles, CA.) [EP]

Je suis toujours plus laxiste quand il s'agit de noter des artistes inconnus. H.S.D. c'est le sigle de High School Dropouts; grosso modo les "recalés du bahut". Ça en dit long sur les deux membres du combo (Marc da Murdurah et Meen Green). Trainer dans les rues, s'adonner à des activités pas très catholiques, fumer de la weed. Le titre de cet EP ne laisse planer aucun doute d'ailleurs; "Les poumons d'un rasta".

Effectivement quand on écoute cette unique sortie des deux gars de Los Angeles, on navigue dans les effluves d'un aquarium allongeant de longues tafs de oinjs qui tournent, et qui tournent, et qui tournent. La tête aussi tourne. Perso je ne suis pas un smoker, mais l'esprit me plait assez.
En ce qui concerne la musique proposée, on est loin, très loin de leurs coreligionnaires ouest américain. Aucun morceau ne se départit du reste; ce qui est la seule homogénéité à cet EP. Rien de foncièrement mauvais mais rien de transcendant non plus. Tout y est moyen. Trop. Et puis y a cette production très roots, au bord de l'amateurisme, le genre de truc qui a l'air d'avoir été enregistré dans une chambre ou un local bas de gamme.

Pour collectionneurs hip-hop fans de raretés. 

A1 Lungs Like a Rasta
A2 Juicy Interlude
A3 Despite
A4 Far From A...
A5 420 Team
B1 H.S.D.
B2 Tape It Off
B3 Cement Boxin' Gloves
B4 Lungs Like a Rasta (Instrumental)

Label: Beats and Rhymes Records / BAR-1420

All City - Metropolis Gold (1998) (Brooklyn, NY.)

Citer Plutarque dans une review de hip-hop, c'est tellement improbable que j'en souris. Barba non facit philosophum, "la barbe ne fait pas le philosophe". Voilà comment pourrait se caractériser cet opus. Voilà en quoi je pourrais définir le nombre misérable de notes qui entourent cet album absolument inconnu (pourtant sur une major).
All City c'est un short-lived combo de Brooklyn qui a enregistré un unique album et sorti quelques singles l'environnant. Et pi basta. Pourtant y a du beau linge dans cette galette. Visez un peu. DJ Premier à la prod sur "The Actual", Pete Rock sur "Priceless", Onyx en featuring sur "Xtreme", Rockwilder à la prod ("Stay Awake", "Get Paid" et "Move on You") ainsi que DJ Clark Kent avec "The Hot Joint". En somme pas des puceaux de studio. Donc étonnant que ce groupe n'ait pas rameuté plus d'infos sur la toile. Parce que laissez-moi vous dire qu'on a ici affaire à quelque chose qui vaut son pesant de M&M's. Oui, je le clame haut et fort et l'assume pleinement; cet album est excellent.
Un seul essai mais quelle transformation ! Plus d'une heure sans faux pas, des beats accentués par endroits de touches jazzy du plus bel effet, des passages encore plus smoothie ("Live It Up") avec les Native Soul et "Daydreaming" où le r&b fait son petit effet. Le reste du gâteau nous propose du hip-hop boombapien de la Côte Est (pléonasme en quelque sorte) mais sans forcer sur les doses hardcore. Et c'est là que ça me plait. Les All City ne sont pas des bourrins, ils arrondissent les angles et me font penser à un mix entre les Digable Planets, les Beatnuts et la douceur lénifiante de A Tribe Called Quest comme sur les morceaux "Just Live" et "Favorite Things" (rien à voir avec John Coltrane).

Trêve de bavardage. Allez écouter cette galette, c'est un ordre. 

1 Who Dat (Skit)
2 Stay Awake
3 Priceless
4 Metrotheme
5 Xtreme
6 The Hot Joint (Remix)
7 The Actual
8 NY Live It Up
9 Afta Hourz
10 Ded Right
11 Get Paid
12 Timez Is Hard
13 Daydreaming
14 Favorite Things
15 The Hot Joint
16 Move on You (Remix)
17 Just Live

Label: MCA / MCASD 11829


mardi 12 mai 2015

Canibus - Rip the Jacker (2003)

(Don't Fear) The...Ripper !

 Rip the Jacker (un des autres surnoms de Canibus) est une contrepèterie de Jack the Ripper, le fameux tueur en série connu en France sous le nom de Jack l’Éventreur. 

Si on m'avait dit hier que j'allais écouter un album first class avec des morceaux exceptionnels de série qui soient hors des sentiers battus et balisés des charts du hip-hop, je ne l'aurais primo pas cru, et deuzio je pense même que j'aurais misé un de mes testicules sur le marché du prêt sur gage. Donc je me suis évité d'être équipé d'une seule valseuse à l'heure où je vous parle. Perso ça m'arrange.
Comment pouvais-je m'imaginer un seul instant que dans les "classiques" du hip-hop allait s'immiscer un album inconnu du grand public ? oserais-je dire inconnu tout court.
Car Germaine Williams aka Canibus envoie un album bousculant les codes, les classements et les styles. C'est d'autant plus gratifiant qu'il le fait seul. Très rares sont les albums de rap où il n'y ait pas de featurings, pas de collaborations, enfin bref quelqu'un qui vienne apporter son concours. Ici le type se la fait en solo (en plus de l'écriture des textes) et c'est là que je lui tire mon chapeau car tenir sur la longueur d'un album en maintenant une telle qualité dans les lyrics, les beats, le flow, la manière dont c'est amené ainsi que l’enchaînement des morceaux. Et comme le souligne Kilian Murphy dans Stylus Magazine, « Canibus is characterized for his "deep vocabulary, scientific concepts, battle rhymes and descriptive imagery" throughout the album.
» Voilà un résumé qui colle parfaitement à l'atmosphère qui règne dans cet opus ; un vocabulaire riche, des métaphores, de l'abstraction mêlée à la réalité avec une grande variété d'ambiances dans chaque morceau. C'est ce qui en fait un album particulier, style qu'on retrouve dans les productions d'abstract hip-hop, voire dans l'experimental

En fait, cette pièce de 45 minutes ne souffre d'aucune faille ; c'est le vol long courrier dont on rêve en secret, niché dans un coin, dans l'ombre, en cherchant une once de clarté. Ce petit faisceau lumineux qui nous donne(rait) tant de joie, de plaisir. L'âge d'or du rap se trouve dans les nineties mais le début du nouveau siècle a connu son lot de bonnes trouvailles, voire de masterpieces. Cet album en est un sans aucun espèce de doute. Je pense qu'il me faudrait plusieurs pages pour en faire la dithyrambe complète. Il regorge de détails, de samples empruntés au rap mais pas seulement (un sample pris à Portishead et son morceau "Wandering Star" ici avec "Psych Evaluation" et même à du fado avec les touches de guitares empruntées à "A Sombra (Fado Nocturno)" d'António Chainho). Ces deux exemples sont typiques de l’atmosphère parfois éthérée (le Cloud Rap qui viendra plus tard) qu'on retrouve disséminée ça-et-là, des accents orientalisants ("Levitibus") se laissent même s’entrapercevoir.
La mine d'or se trouve à tous les coins des 45 minutes, rien n'est laissé au hasard. La production signée Stoupe the Enemy of the Mankind (membre de Jedi Mind Tricks) l'est pour beaucoup. Le bonhomme a quand même été classé selon plusieurs sources, dans les 50 meilleurs producteurs de hip-hop. C'est pas rien quand on connaît la concurrence. Certes c'est pas DJ Premier non plus Pete Rock mais ça vaut son pesant sur le marché de la cacahuète, surtout pour une prod relativement underground sur un label qui l'est tout autant.

J'annonce : cet album est une sacrée mandale dans la gueule.
Je vais de ce pas commander l'album.
5 stars cash et je paye en petites coupures.

1 Intro 0:32
2 Genabis 4:12
3 Levitibus 4:00
4 M-Sea-Cresy 3:50
5 No Return 4:53
6 Spartibus 4:00
7 Indisible 3:59
8 Showtime at the Gallow 4:41
9 Psych Evaluation 3:51
10 Cemantics 3:40
11 Poet Laureate II 7:18

Label: Babygrande / BBG-CD-005

V.A. - Harlem World : The Sound of the Big Apple Rappin' (2001) [Compilation]

Les compilations de hip-hop ne manquent pas, qu'elles retracent une époque, un pays, un groupe-phare encore d'illustres inconnus. Ici c'est la première et dernière catégorie dont il est question, plus celle d'une ville ; à savoir New York, et plus particulièrement le borough de Harlem. Le titre de la compil parle de lui-même. Sorti sur un tout petit label (Heroes & Villains), ce double-CD offre bon nombre de satisfactions pour celle ou celui voudrait commencer sa culture des origines du rap au pays des B-Boys. 17 morceaux couvre les premières années (1979-81). Mais attention, tout est rareté. Point de titres connus, excepté le premier de Afrika Bambaataa. Le reste c'est du old school imprimé sur des labels indépendants, et certains singles vont jusqu'à 1500$ en pressage original ! Bref, du bon vieux son (si on enlève le très inutile et mauvais "Rappin' Ain't No Thing" des Boogie Boys) qui mélange ou alterne disco-rap, boogie et des touches de funk. Deux heures de musique vous attendent dans ces 2 CDs (66 et 55 minutes). Une compilation aussi importante dans l'histoire du hip-hop que la rareté des morceaux présents.

1.1 Afrika Bambaataa Zulu Nation Cosmic Force - Zulu Nation Throwdown 7:11
1.2 Harlem World Crew - Rappers Convention 6:24
1.3 Little Starsky - Dancin' Party People 7:57
1.4 Mr. Magic & Positive Choice Band - 2001 Kazoo's 7:15
1.5 Grand Wizard Theodore & The Fantastic Romantic 5 - Can I Get a Soul Clap "Fresh Out the Pack" 7:31
1.6 Boogie Boys feat. Kool Ski, Kid Delight, Disco Dave With DJ Darryl C - Rappin' Ain't No Thing 6:05
1.7 Family Four - Rap Attack 10:28
1.8 Spyder-D - Big Apple Rappin' (National Rappin' Anthem) 10:09
1.9 Kurtis Blow - Do the Do 3:03

2.1 Harlem World Crew - Love Rap 6:04
2.2 T.J. Swan - And You Know That 7:31
2.3 The Marvelous Three & Younger Generation - Rappin' All Over 8:52
2.4 Busy Bee - School Days 3:53
2.5 Dr. Jeckyll & Mr. Hyde - Doing the Do 7:16
2.6 Bambaataa Zulu Nation Soul Sonic Force - Zulu Nation Throwdown (Part 2) 6:11
2.7 Disco Dave and the Force of the Five MC's - High Power Rap 7:36
2.8 Rappermatical 5 - Party People 6:52

Label: Heroes & Villains / HEROCD01 

 

Mafia K-1 Fry - La cerise sur le ghetto (2003) (Vitry-sur-Seine, FR.)

Mafia K-1 Fry c'est la big team française du hip-hop du début du siècle et, à l'instar du Wu-Tang Clan y a une flopée de gonzes et affiliés. Les membres de 113 se sont greffés à l'équipe et cet album apparaît dans le paysage rap frenchie comme un acte important. Perso j'avais écouté La cerise... en 2004 si ma mémoire est bonne. C'est mon cousin qui m'avait fait découvrir le CD. Quelques morceaux m'avaient à l'époque bien accroché ("La cerise sur le ghetto", "En bas des tours" et le catchy "Official"). Dix piges plus tard je redécouvre le groupe non plus dans sa forme FM mais sur la longueur d'un album. C'est la mesure-étalon pour juger la rigueur et l'homogénéité. Et franchement j'ai été très surpris par la qualité des morceaux mais surtout de la prod. Sur l'ensemble des 70 minutes, y a vraiment d'excellents passages dans lesquels il y a un souci du détail, un travail important des beats, du mixage et du mastering. Tom Coyne aux manettes. Pas étonnant que la qualité du disque soit si bonne. Le type a bossé avec les meilleurs. Visez un peu les références. UGK, The Roots, GZA, Digable Planets, De La Soul, A Tribe Called Quest, et j'en passe. Fatalement y a pas de surprise. Une grande équipe sans prod ni mastering ne servira à rien. Ici tout ou presque est réuni pour donner à l'auditeur tout ce qu'il recherche dans le hip-hop et, hormis quelques titres un peu légers et faiblards ("Lourd", "Nuage de fumée", "Rabzouz"), le reste est très bon. 
Mention spéciale à "Pour ceux", "En bas des tours" et "Rusé" qui remportent mes suffrages. 
Vraiment un très bon album français de rap.

1 Intro 1:34
2 Pour ceux 6:07
3 C.B.R. 5:43
4 Lourd 3:50
5 En bas des tours 3:55
6 Stoty Mafia 4:24
7 Elle 4:31
8 Balance 4:51
9 Liberta 3:49
10 La cerise sur le ghetto 5:49
11 Official 4:01
12 L'État 4:19
13 Nuage de fumée 2 4:53
14 Rabzouz 4:11
15 F.U.C.K. ton pote 3:31
16 Rusé (La gamberge) 5:22

Label: S.m.a.l.l. / SMA 511284-2